Dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 décembre 2022, une dizaine d’embarcations précaires ont tenté la traversée du détroit du Pas-de-Calais à partir des côtes françaises vers les côtes britanniques.

Plusieurs d’entre elles, ainsi que des personnes à terre dont des associations, ont contacté les secours durant la nuit. Le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (CROSS) a fait vérifier la situation de chaque embarcation signalée par les moyens nautiques d’état ou privés se trouvant à proximité, afin d’être le plus réactif possible. Après s’être assuré de la situation de chaque embarcation et notamment si elles étaient bien en route et non à la dérive ou en train de sombrer, un point a été fait avec le MRCC de Douvres afin de partager ces éléments.

Au milieu de la nuit, parmi ces embarcations, l’une d’entre elles, en difficulté en zone britannique, a nécessité une opération de sauvetage, qui a été coordonné par le MRCC de Douvres .

A 03h02, le CROSS a reçu un appel de l’association UTOPIA 56 transmettant la position d’une embarcation précaire quelques minutes plus tôt, soit à 02h53. A 03h05, le CROSS a ainsi contacté par radio VHF un navire de commerce qui naviguait à proximité de l’embarcation pour l’informer de sa présence et lui demander de la relocaliser.

A 03h11, un premier navire de pêche qui naviguait dans le même secteur entendant cette demande, a précisé que l’embarcation faisait route au Nord-Ouest à environ 12km/h (cap au 290 pour 5,3 nds). A 03h13, le CROSS a reçu un email d’UTOPIA 56, rappelant les éléments donnés par téléphone à 03h02.

Depuis 03h13, le MRCC de Douvres et le CROSS Gris Nez, étaient en contact permanent pour avoir une situation partagée sur les traversées en cours. Ils ont échangé en particulier sur l’embarcation qui venait d’être repérée 10 minutes avant, en route au nord-ouest et qui allait entrer dans la zone de compétence du MRCC de Douvres. Le MRCC a déclaré prévoir un moyen nautique de la RNLI (équivalent de la SNSM française) pour la récupérer.

A 03h20, le pêcheur qui se rapprochait de l’embarcation ne pouvait plus le faire davantage, cette dernière étant trop proche d’un haut-fond ; il a alors précisé avoir un contact visuel avec l’embarcation en route au Nord-Ouest à une vitesse stable (cap 289 à 4,7 nds). L’embarcation en plastique n’était pas détectable par radar, le CROSS a alors modélisé une « piste simulée » avec un système de suivi de navigation dédié (SPATIONAV) pour suivre l’embarcation. Il a également contacté un deuxième pêcheur, naviguant de l’autre côté du haut fond, en zone britannique, en lui demandant d’exercer une veille attentive.

A 03h36, la modélisation réalisée a permis d’estimer que l’embarcation était passée en zone britannique.

A 04h21, le CROSS a reçu un message « Mayday » émis par le MRCC de Douvres pour une embarcation en train de couler avec des naufragés à la mer. Le naufrage en cours a été découvert par un troisième pêcheur, naviguant encore plus à l’ouest.

Une opération de sauvetage d’envergure a été lancée, coordonnée par le MRCC de Douvres. Elle a mobilisé de nombreux moyens britanniques et français pour effectuer les recherches et le sauvetage de ces naufragés. Côté français, en lien avec le CROSS Gris-Nez, le bâtiment hydrographique (BH) Lapérouse et l’hélicoptère Dauphin de la Marine nationale ont été engagés dans le dispositif de recherches dès le milieu de la nuit, aux côtés des moyens britanniques. Le patrouilleur des garde-côtes Kermorvan de la douane, a été engagé en renfort dans la matinée et est resté sur zone toute la journée. Le Lapérouse et le Kermorvan sont les deux navires ajoutés au dispositif de sauvetage en Manche suite à la décision de la Première ministre.

Le BH Lapérouse a été relevé dans la journée par le bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain (BSAM) Rhône de la Marine nationale en milieu de journée le 14 décembre. L’hélicoptère Dauphin a été désengagé en début de matinée.

Les recherches des éventuels disparus ont été suspendues le 14 décembre en fin de soirée, après plusieurs heures d’investigation d’une très large zone. D’après le bilan humain transmis par les autorités britanniques, 4 décès sont malheureusement à déplorer lors de cette opération de sauvetage.

Depuis cette semaine, le seuil des 50 000 personnes ayant tenté cette traversée périlleuse a été franchi. De nombreuses embarcations poursuivent ces tentatives à hauts risques malgré les conditions hivernales (température eau de mer de l’ordre de 10 degrés, réduisant la durée de survie d’un naufragé à moins de deux heures dans l’eau de mer).

Les autorités françaises ont apporté tout leur soutien et leur concours aux autorités britanniques sur l’ensemble de cette opération.